Dans le berceau mésopotamien, puis dans le bassin méditerranéen, la pratique de la viticulture remonte à plus de cinq mille ans. L’art du greffage est plus ancien encore, appliqué depuis au moins six mille ans déjà.
Des écrits chinois d’agriculture et d’horticulture datant de cinq à six mille ans évoquent le greffage des arbres fruitiers. Égyptiens et Phéniciens,
à leur apogée, pratiquent le greffage. La mythologie y fait référence: les Grecs attribuent l’origine du greffage à Dionysos. Les Romains, quant à eux, invoquent Insitor, dieu de l’ensemencement et de la greffe. Le philosophe et naturaliste grec Théophraste (371 -288 av. J.C.) décrit l’Emplastratio, la greffe en écusson avec emporte-pièce, très certainement l’ancêtre du Chip-bud que nous pratiquons actuellement.
Le Romain Virgile (70 – 19 av. J.C.) parle d’Innoculatio, un écussonnage par placage sous l’écorce qui ressemble fortement à notre greffe en T-bud.
Probablement influencés par les travaux de Magon le Carthaginois, les écrits sur la pratique commune du greffage viticole des agronomes
latins – Caton l’Ancien, Varron, Columelle – inspirent les auteurs de la Renaissance comme Crescenzi. Les représentants des Lumières, comme Gallo et Nicosia approfondissent à leur tour le sujet.
Ainsi, le greffage est couramment pratiqué dans les régions arboricoles et viticoles, pour anticiper la fructification, rendre fructifères des variétés sauvages, revigorer des plants faibles. On n’emploie pas, en revanche, les mêmes techniques de greffage dans le sud de l’Italie, au Portugal, en Espagne ou en France.
Avec la crise phylloxérique de la fin du XIXe siècle, qui ravage les vignobles occidentaux, le greffage de la vigne connaît un essor considérable.
Le botaniste Jules-Emile Planchon, directeur de l’École Supérieure de Pharmacie de Montpellier, suivant l’idée du vigneron bordelais Léo Laliman, préconise de recourir au greffage des variétés traditionnelles sur porte-greffe américain résistant à ce parasite. Le courant dit des « Américanistes » emporte la conviction des institutionnels.
La totalité du vignoble est reconstituée par greffage des Vitis vinifera sur porte-greffes américains.
La première école de greffage s’établit à Charols, en 1884. Le greffage se pratique en fente, directement au champ, sur le porte-greffe enraciné.
La technique sera par la suite semi-mécanisée pour la découpe du greffon, puis complètement mécanisée. Les premières machines de greffage sont alors inventées, et la profession de pépiniériste viticole se développe fortement.
A partir des années 1970, la sélection clonale occupe le devant de la scène. Elle consiste à sélectionner et multiplier des plants de vigne
rigoureusement identiques, issus d’une même souche-mère.