Le regreffage

sur vignes dépérissantes

La plupart des vignes regreffées à ce jour ont été sauvées alors qu’elles étaient condamnées à disparaitre rapidement sans intervention.
Sous condition que le vignoble concerné ne soit pas déjà excessivement infecté, les taux d’expression foliaires et de mortalité après regreffage sont extrêmement réduits (<1%).

Le regreffage consiste à réaliser une nouvelle opération de greffage pratiquée sur le porte-greffe, c’est-à-dire sous le point de soudure originel de pépinière.

Le regreffage apporte une solution à différents problèmes de dépérissement de la vigne, tels que :

  • les dépérissements lents (sur Syrah, Grenache, Rolle/Vermentino, Centennial, etc …),
  • les dépérissements brutaux (accidents mécaniques, gel de printemps, grêle, …),
  • les dépérissements dus aux champignons du bois (esca, eutypiose).

Comme le porte-greffe demeure généralement vif et sain, le regreffage s’avère être une méthode rapide de régénération des vignes dépérissantes, qui offre les mêmes avantages que le surgreffage, à savoir : préservation du système racinaire en place (et donc obtention immédiate d’un vin mâture), modification variétale clonale ou massale, conservation des structures établies de palissage, modification du mode conduite et de taille, sans oublier les avantages économiques majorés par le sauvetage de ces plants destinés à l’arrachage.

Nous expérimentons le regreffage sur vignes dépérissantes depuis une vingtaine d’années avec succès.

Nous pratiquons les techniques de greffage au bourgeon (à l’œil) : prioritairement le T-bud, sinon le Chip-bud, car ces greffes manuelles ne génèrent pas lors de la cicatrisation (soudure) de zones de nécroses (bois mort) dans lesquelles les champignons se développent et prolifèrent.

Concernant l’esca, nous réalisons ces travaux à titre expérimental. Mais nous nous refusons toujours à présenter cette technique comme une véritable méthode de régénération de vignobles condamnés tant que nous n’aurons pas le recul suffisant pour en tirer des conclusions plus certaines.

En 1908, Lucien Daniel, Professeur de botanique agricole à l’Université de Rennes, avait déjà anticipé la problématique de nos vignobles contemporains et nous prévenait du rôle fondamental de la greffe :

« […] tous les déséquilibres physiologiques causés par le greffage et que l’on a attribués à des maladies parasitaires, soit par ignorance de leur véritable cause, soit dans le but de dissimuler les inconvénients de la reconstitution […] »

Des résultats encourageants !

Nous expérimentons le regreffage de vignes dépérissantes ou affectées par l’esca depuis une quinzaine d’années. Les résultats sont très concluants et confirment qu’il est ainsi possible de régénérer rapidement la plupart des vignes condamnées à très court terme.

Même des vignobles de variétés très sensibles à l’esca, une fois regreffés, ne révèlent plus que des taux d’expression de l’esca extrêmement réduits (inférieurs à 1%).

Une condition est cependant primordiale : les parcelles regreffées ne doivent pas être excessivement infectées ou dégradées avant l’opération !

Bon à savoir !

Le succès d’une opération de regreffage dépend de la bonne qualité du matériel végétal, et des travaux préparatoires puis d’entretien des vignes regreffées. En plus des travaux classiques de préparation au greffage (greffons, vigne, etc..), le vigneron devra prévoir un déchaussage des ceps, lorsque les porte-greffes ne sont pas apparents.

Mais un regreffage bien préparé et bien géré (bon entretien) donne un résultat absolument magnifique et permet en une seule année de sauver et régénérer des ceps qui étaient condamnés !

Quand et comment ?

En France et en Europe, et plus généralement dans l’hémisphère nord, nous intervenons avec nos équipes de greffeurs au printemps, d’avril à fin juin.

Nos consultants techniques accompagnent le vigneron tout au long de sa démarche et assurent un suivi régulier des chantiers durant la croissance végétative de la vigne.
Nous décidons des dates d’intervention et fournissons les outils de greffage.

Le vigneron doit, quant à lui, s’occuper préalablement de fournir les greffons et préparer les souches en vue de l’intervention (taille hivernale sommaire, irrigation à prévoir, tuteurs à écarter, déchaussage des pieds si nécessaire, écorçage des souches, etc …).