Le greffage des racinés

En greffant manuellement au champ au moyen de techniques douces et respectueuses du végétal, on obtient des soudures de qualité qui donnent des plants plus résistants et donc durables.

Greffer directement les porte-greffes au champ constitue la solution idéale pour accroître la longévité de nos vignes et recréer des vignobles sains et durables.

Le greffage au champ sur porte-greffes racinés (également appelé greffage en place) a été largement pratiqué à la fin du XIXe siècle pour reconstituer les vignobles décimés par le Phylloxéra. Il a été ensuite progressivement abandonné au profit des plantations de greffés-soudés assemblés en pépinière, pour finalement disparaître complètement. Lorsque toutes les vignes ont été greffées à la fin du XIXe siècle, des «accidents» physiologiques se sont développés. On a alors commencé à parler de folletage ou d’apoplexie. Mais c’est surtout depuis que les vignes sont greffées mécaniquement que les accidents vasculaires se sont multipliés de façon exponentielle.

Par méconnaissance, et peut-être aussi un peu par intérêt, on s’est principalement attaché aux symptômes, rarement ou jamais aux causes. Les vignes très anciennes, greffées harmonieusement au champ à la main ne connaissent pas, ou seulement de manière négligeable, tous ces problèmes de dépérissement prématuré.

On devrait absolument éviter de blesser le végétal inutilement. Or la première blessure infligée à la plante et certainement la plus traumatisante de toutes, c’est la greffe.

Pour retrouver des vignes robustes et centenaires, c’est très simple: il suffit de revenir au greffage au champ des porte-greffes racinés, au moyen de techniques manuelles qualitatives, et en particulier les greffes à l’œil.

On a à portée de main une solution de substitution aux plantations classiques issues de greffés-soudés industriels, qualitative et durable. Certes, le greffage en place (au champ) est un peu plus coûteux au départ. Mais si l’on prend en compte le coût de la mortalité annuelle et des complantations qui s’en suivent sur 25-30 ans, soit la durée de vie moyenne d’une vigne actuelle, et l’enjeu financier de la production vinicole finale recherchée, on bénéficie au bout du compte d’un retour sur investissement considérable.

Sur le plan agronomique, les porte-greffes implantés et greffés au champ à la main jouissent d’un enracinement exceptionnel, sans aucun rapport avec des plantations de greffés-soudés.

Au bout de 25 ans, quand la vigne greffée en place rentre à peine dans sa phase de maturité, le comparatif sanitaire et racinaire avec une parcelle de greffés-soudés vouée à être arrachée ne laisse aucune place au doute. Cet enracinement, dont bénéficient les vignes greffées en place, influence également positivement la qualité des vins produits. Le vin est dès le départ plus expressif, et l’est encore davantage sur le long terme. A cela, s’ajoutent enfin des bienfaits durables.

Car ces vignes sont naturellement mieux enracinées et plus résistantes aux différentes attaques et maladies, et elles s’adapteront beaucoup mieux aux changements climatiques et environnementaux futurs.

 » C’est de la perfection des soudures, que dépendent surtout la vigueur et la longévité des vignes greffées.
On cherche souvent la cause du dépérissement de beaucoup de ceps dans des phénomènes plus ou moins caractérisés, alors qu’elle réside simplement dans une mauvaise soudure. »

Baptiste Drouhault, La Revue de Viticulture, 1895.
Des résultats probants !

Depuis déjà une vingtaine d’années, nous menons des recherches sur la qualité des techniques de greffage et leur corrélation avec les facteurs d’affaiblissement ou de dépérissement prématuré des vignes.

Les résultats ont permis de démontrer que les vignes greffées au champ sont, globalement, dix fois moins affectées par l’esca que les parcelles de greffés-soudés.

Ces études ont également permis de mettre en évidence les constatations suivantes :

  • il n’y a pas d’esca sur les vignes greffées au champ manuellement ;
  • il n’y a pas de dépérissement sur les Syrah ou les Rolle (Vermentino) issus de sélections massales et greffés au champ manuellement.

Nul doute que le greffage en place permet d’améliorer la structure des plants de vigne. Désormais, nous pouvons espérer une meilleure pérennité pour nos vignobles.

Quand et comment ?

En Europe, et plus généralement dans l’hémisphère nord, nous intervenons avec nos équipes de greffeurs au printemps, d’avril à fin juin.

Nous garantissons un taux de réussite contractuel de 90%, et assurons un suivi technique des chantiers. Nos consultants techniques accompagnent le vigneron tout au long de sa démarche et effectuent des visites de contrôle durant la croissance végétative de la vigne. Nous décidons des dates d’intervention et fournissons les outils de greffage.

Le vigneron, quant à lui, doit s’occuper de s’approvisionner en greffons et préparer les souches en vue de l’intervention de greffage.
Concrètement, en premier lieu, le vigneron doit procéder à la plantation de ses porte-greffes racinés. Il conviendra ensuite de les tailler afin de favoriser leur croissance diamétrale et leur développement racinaire.
Lorsque les troncs atteignent un diamètre suffisant pour le greffage, soit 20-30mm environ, nous intervenons pour les greffer au champ à la main, avec la variété choisie de Vitis vinifera.