Cultivons les vignes de demain

Actuellement, les critères de qualité et de longévité ne sont pas considérés comme fondamentaux en matière de reconversion et de restructuration du vignoble.
«Les plantations réalisées avec du matériel végétal raciné sont exclues de l’aide à la reconversion et à la restructuration du vignoble», dit le texte officiel. Et il en est de même pour les sélections massales.

Au lieu de favoriser des vignes saines et durables, le système crée et finance l’obsolescence programmée de nos vignobles et subventionne des plantations rapidement périssables. Des sommes astronomiques sont dépensées pour lutter contre les maladies du bois et autres facteurs de dépérissement de la vigne.

Pourtant, les plants de vigne issus de greffages manuels au champ sont beaucoup plus durables que les greffés-soudés certifiés. Ils ont des qualités de reprise et d’enracinement bien supérieures. Le porte-greffe raciné ne se consacre qu’à une seule chose : développer ses racines.

Comme ils sont moins dépérissants, il y a moins de ceps malades, peu ou non productifs dans les parcelles. L’âge de la vigne joue également un rôle primordial. Il est incontestable que le vin de vigne âgée est supérieur au vin de vigne jeune. La vigne durable est aussi plus rentable.

Si le vigneron fait appel à des prestataires extérieurs, l’investissement de base est certes légèrement supérieur, mais si on rajoute aux coûts d’une plantation classique, les années de pertes de récolte, la mortalité prématurée et les nécessaires complantations sur 25-30 ans, puis le coût de la parcelle à replanter, le calcul est vite fait.

Le plant greffé-soudé a besoin de puiser triplement sur ses réserves pour son développement aérien, pour son développement racinaire, pour la cicatrisation de sa soudure, avec des conséquences sur la production et sur la qualité des vins.

En plus des bénéfices directs pour le vigneron, il y a les bienfaits écologiques.

« Le déclin de la biodiversité menace l’intégrité des écosystèmes et agrosystèmes et les espèces qui y vivent, incluant l’Homme » (Millenium Eco-system Assessment, 2005).

La vigne est un agrosystème qui interagit avec son milieu. Vouloir redonner santé et pérennité à nos vignobles, c’est aussi vouloir recréer une biodiversité génétique et spécifique et favoriser les résistances naturelles des plants de vigne. L’impact des pratiques intensives et chimiques sur l’écosystème sera forcément minoré.

Pour beaucoup de problèmes de la viticulture actuelle, des solutions existent. Il s’agit souvent de pratiques anciennes éprouvées, simplement oubliées, qu’on remet finalement au goût du jour.

Commençons par revoir la sélection du matériel végétal et les techniques de greffage.

Evitons le bois mort, en revenant à des pratiques plus douces. Respectons la vigne qui est un organisme vivant. Épargnons-lui les blessures inutiles. Laissons-la évoluer dans son environnement le plus naturellement possible.

Voilà notre mission : accompagner le vigneron responsable sur le chemin d’une viticulture originelle, qualitative et durable.

« Nous autres vignerons, petits propriétaires, faisons nos greffes et faisons-les avec nos propres bois, avec nos porte-greffes à nous, surmontés de nos greffons à nous. C’est le seul moyen de réussir. »

Gustave Foex, Professeur de l’Ecole d’Agriculture de Montpellier,
La Revue de Viticulture, 1895.