Mon activité de conseil au sein de worldwide vineyards est enrichissante. J’apprends beaucoup de mes échanges avec les vignerons du monde entier.
Avec les données que nous collectons depuis la création de la société, je dispose de références de terrain précieuses et exploitables pour mes recherches sur le dépérissement de la vigne.
La qualité de la greffe est fondamentale. Son incidence sur les phénomènes de mortalité prématurée des vignes est tout aussi importante.
Étrangement, la greffe n’est jamais remise en question.
Comme si le fait de transplanter un greffon sur un autre corps constituait une opération parfaite, aussi simple qu’indolore.
Il suffit pourtant de lire quelques auteurs qui, dès la fin du XIXe siècle, ont étudié le sujet et tiré la sonnette d’alarme. Bien avant moi, ils ont souligné les dangers des greffes mal maîtrisées et anticipé les malheurs de notre viticulture contemporaine. En 1908, l’éminent botaniste Lucien Daniel, dans un délicieux ouvrage intitulé La Question Phylloxérique, le Greffage et la Crise Viticole, énonçait au sujet de la greffe: «Elle seule peut nous renseigner sur la vraie cause de divers accidents de végétation qui, à certains moments, ont pris l’allure de calamités et dont la fréquence n’est pas sans inquiéter».
A la fin du XIXe siècle, pour combattre la crise phylloxérique, toutes les vignes ont été greffées sur des pieds américains naturellement résistants au puceron ravageur. Au XXe siècle, la mécanisation des greffages s’est imposée.
Le greffage massif des vignes sur porte-greffes est en partie responsable du déclin que nous subissons actuellement. La baisse établie de la qualité organoleptique des vins et la diminution de la longévité de nos vignobles en ont été les conséquences majeures. Des vignes qui vivaient auparavant des centaines d’années ont vu leur durée de vie ramenée à 100 ans lorsqu’elles avaient été greffées au champ manuellement.
Depuis le greffage mécanique, leur espérance de vie ne dépasse guère 25 à 30 ans.